• Red Hawkins s'était assis devant les flammes et attendait, les nerfs tendus. Le soleil avait depuis longtemps plongé sous l'horizon et le feu de camp flamboyait de mille étincelles. Ce ne serait plus long. Red le savait. Joé-le-Rusé allait bientôt faire son apparition... José-le-Rusé, attiré par l'espoir de s'approprier à nouveau l'or d'un autre.
    Soudain, un coyote hurla au loin. Le cri le fit sursauter. Sa main se porta machinalement sur son six-coups. Quelques instants, ses doigts se durcirent sur l'acier froid. Puis, il fit un effort sur lui-même pour se détendre.
    Il respirait profondément. Soudain, un faible craquement lui parvint à trale désert.
    Cela aurait pu être un chien de prairie ou un lapin, mais c'était plus probablement le craquement d'une lourde botte sur des brindilles sèches. Le pouls de Red s'accéléra.
    Un autre bruit. Cette fois plus proche et plus fort, et quelque part, juste derrière lui. Il n'y avait que Joé-le-Rusé, pour ramper ainsi derrière le dos d'un homme, pensa-t-il.
    Tout à coup, bien que le silence fût parfait, il eut la certitude que quelqu'un se tenait debout derrière son dos.
    - Où est l'or, Red ? demanda Joé, d'une voix moqueuse, tout en lui appuyant le canon de son revolver sur la nuque.
    Red simula la surprise.
    - joé-le-Rusé, que fais-tu là ? gémit-il.
    José rit :
    - Toujours la même tête de vieux rouquin idiot. tout le monde sait que tu as attaqué la malle-poste et volé pour cinq mille dollars d'or !
    - Ainsi, tu sais cela ?, s'exclama Red.
    - La preuve. Et maintenant, donne-moi cela, lui répondit Joé, impatienté.
    - Je ne l'ai pas sur moi, dit Red.
    Joé fronça les sourcils pensivement :
    - Tu ne l'as pas ? Peut-être, après tout, n'es-tu pas si bête que cela.
    Red avoua :
    - Je l'ai caché dans les collines; je voulais être aussi intelligent que toi !
    Joé passa de l'autre côté du feu et sonda l'expression de Red.
    - Ce que tu me dis là est vrai ?, demanda-t-il.
    - C'est vrai. Il est enterré dans une grotte. Je pense que j'ai pris exemple sur toi, quand nous étions en prison ensemble.
    - Je pense aussi, dit Joé avec méfiance.
    - Et aussi quand nous sommes sortis de là ! Surtout au sujet du pilage de banques ! Toi tu es vraiment habile !
    Joé-le-Rusé rit bruyamment.
    - J'ai mis un foulard sur ma figure, pour attaquer cette banque, ha, ha ! et une perruque de rouquin sur ma tête, et umph ! tout le monde a cru que c'était toi !
    Il se mit à rire de plus belle.
    - Sais-tu pourquoi j'ai fait cela ? Pour que cela te serve de leçon ! Je n'ai pas été dupe un seul instant lorsque tu disais que tu allais abandonner le métier. Tu désirais seulement ne pas me rencontrer une fois hors de prison, et c'est pourquoi je me suis moi-même placé sur ta route.
    Red sourit et se releva lentement.
    - Tu te trompes, je t'ai dit que j'avais beaucoup appris de toi et je désirais vraiment te rencontrer.
    - Que veux-tu dire par là ?
    Le sourire deRed se changea en une grimace :
    - Simplement que je suis vraiment redevenu honnête.
    - Il a dit vrai, tonna la voix du shérif dans l'obscurité. Lâche ton revolver, Joé et ne bouge pas d'un pouce !
    Joé laissa tomber son revolver. Red le ramassa aussitôt.
    - J'ai cuisiné ce petit plan moi-même ! dit Red à Joé-le-Rusé. Par un heureux hasard, au moment où tu étais à la banque en train de te faire passer pour moi, j'étais chez le shérif, pour lui demander de me trouver du travail !
    - En effet, appuya le shérif. Red se doutait que vous étiez l'auteur du vol et que le moyen le plus sûr de vous rattraper était de vous tendre un piège !
    Red enchaîna :
    - Aussi, le jour suivant, j'ai fait répandre par le shérif, le bruit que j'avais dévalisé la malle-poste. Je savais que tu te prenais pour le gars le plus intelligent du monde et que j'étais le plus idiot, si bien que j'étais sûr que tu me suivrais pour récupérer l'or de la malle-poste !
    - Tu m'as roulé ! cria rageusement Joé.
    Red Hawkins rit.
    - Non, pas entièrement, Joé ! dit-il modestement, tu es intelligent, tu t'es roulé toi-même !


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