• l'objet

    L'homme rasait les murs à la façon d'un criminel en fuite. Il avait pris la précaution de mettre des lunettes fumées. Le grand col de son imper était relevé sur sa nuque.
    La circulation à cette heure était rare. De loin en loin, une voiture pressée, avec sa cargaison de noctambules, trouait l'obscurité de ses phares. Un car de police passa, à vive allure. L'homme frémit. Instinctivement, il porta la main à sa poche droite, pour se saisir de l'objet. Le contact de l'engin le rassura. Un bref instant, il avait cru qu'il l'avait oublié... Il le serra dans sa main moite. Il en était particulièrement fier. Un modèle allemand. Spécial, par sa taille et ses performances.
    Au loin, des chiens conversaient lugubrement. La lune pleine et laiteuse apparut derrière l'étoupe déchirée des nuages. Nuit lourde. Métallique. L'homme s'arrêta pour relacer sa chaussure. La rue sentait l'urine froide. Il fallait en finir. Au plus vite. Il fallait qu'il y arrive. Ce soir, il ne pouvait pas se permettre d'attendre un jour de plus. Il regarda sa montre. Bon sang, il n'avait plus que cinq minutes !
    Une angoisse subite glaça la nuque de l'homme pourtant protégée par grand le col de l'imper. Et s'ils n'avaient pas ce qu'il avait exigé ? Pouvait-il leur faire pleinement confiance ? ... Il avait traité avec ces gens, par le passé, ils avaient toujours respecté leurs engagements. Il ne devait pas s'en faire. Il allongea le pas. Un nuage vorace absorba la lune. Un chien se mit à hurler à la mort.
    Le néon rose était encore allumé. L'homme se détendit. Il regarda rapidement à droite et à gauche. La rue était déserte. Une ultime fois, il porta la main à sa poche avant de pousser la porte du sex-shop.
    Oscar Boséjour aurait dès ce soir les piles de rechange spéciales de son vibromasseur...


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