• le chat de platine

    le chat de platine
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    Le lieutenant Morovitch parfaitement paisible, se tenait à côté du Chat de Platine. Jean-Jacques, qui avait surgi dans l'habitacle, poussa une exclamation joyeuse :
    - J'aime quand même mieux ça !
    - Qu'aimez-vous mieux, mon jeune ami ? demanda le gros homme.
    - Que ce ne soit pas bous, le principal complice de M. Douze. Car, si vous l'aviez été, vous auriez profité de l'occasion. Et je n'aurais plus retrouvé ici ni vous, ni le Chat de Platine... Vous n'appartenez pas à la bande du Double-Six. Je m'en doutais, à vrai dire, depuis la première fois que je vous ai vu.
    Le lieutenant riait :
    - Vous êtes un drôle de bonhomme... Que s'est-il passé, expliquez-moi, la première fois que vous m'avez vu ?
    - Rappelez-vous. C'était au consulat d'Ethiopie à Marseille. Vous veniez saluer le ras. Après l'entrevue, vous avez tiré de votre poche un domino double-six que vous veniez d'y trouver. Dans ce domino était dissimulé un message adressé aux bandits par leur chef. Si vous aviez été l'un de ces bandits, vous ne nous auriez pas montré ce domino révélateur. Et sa présence dans votre poche ne vous aurait pas surpris.
    - Ce n'est pas mal raisonné. Mais une question me chiffonne. Pourquoi le double-six avait-il été glissé dans ma poche ?
    - Par erreur, dit simplement Jean-Jacques.
    - Par erreur ?
    - Il y avait "deux" imperméables, pendus côte à côte au porte-manteau du vestibule. M. Douze, ou son émissaire, a pris l'un pour l'autre. Et le message est tombé dans vos mains, au lieu de parvenir à son véritable destinataire.
    Le lieutenant Morovitch se leva, tout pâle :
    - Mais alors, ce destinataire, ce complice des bandits, était le propriétaire de l'autre imperméable ?
    - Sans aucun doute.
    - Le capitaine Gourgourax ?
    - Le capitaine Gourgourax, votre chef... c'était lui qui, sur l'ordre de M. Douze, a confié au "steward court", autre affilié de la bande, l'emploi commode de maître d'hôtel. C'est lui qui a machiné le trucage de la chambre forte. C'est lui, quand mon oncle fut jeté à la mer par les bandits, qui tenta d'empêcher le stoppage du navire. Et quand Marinon eut jeté le chauffeur louche et son complice dans les soutes à charbon, c'est lui qui les fit disparaître, et qui les cacha, avec les autres bandits, sous la bache des canots de sauvetage. lors de l'irruption du bossu sur la dunette, c'est encore le capitaine qui, tout à l'heure, coupa un moment l'électricité, pour favoriser les projets de M. Douze. Heureusement, je suis arrivé à temps pour protéger le trésor.
    - Vous êtes un courageux garçon, dit Morovitch en serrant vigoureusement la main de Jean-Jacques. Et un fameux malin, en outre ! Car, vous venez de faire devant moi tout une série d'observations et de déductions...
    - Moi ? fit Ygrec, prenant son air le plus naïf. Je ne fais que vous répéter les paroles de mon oncle. Il a tout compris, mon oncle, tout prévu ! C'est un grand détective !
    - Je m'en aperçois, dit Morovitch, admiratif.
    Le lieutenant ajouta que, dès le départ du bateau, il s'était douté de quelque chose. Les allures du capitaine ne lui paraissaient pas catholiques. C'est pour cela que, le soir du conciliabule à la proue, Isidore Maldefeu avait vu le lieutenant qui surveillait le capitaine par la fenêtre de sa chambre.
    - Oui, dit Jean-Jacques, nous avons aussi soupçonné ce Maldefeu, tout au début. Nous nous demandions pourquoi ce personnage bizarre s'est introduit sur le bateau dans un sarcophage, et à quelle besogne il se livre. Ce problème a été résolu, grâce au concours de la petite Balkis. Cette gentille enfant a confessé le pseudo-passager clandestin. c'est tout simplement un millionnaire neurasthénique. Par des extravagances comme celle qui lui a permis de venir à bord de l'"As de Carreau", il cherche à se procurer des distractions et des aventures. Et alors il devient gai comme un gosse.
    A ce moment, M. Colerette et M. Laitance, enfin débarrassés des menottes, pénétrèrent dans l'habitavle.
    - Monsieur le détective, dit solennellement Morovitch, permettez-moi de vous féliciter. Je connais maintenant les observations et déductions remarquables, grâce auxquelles vous êtes arrivé dans cette enquête à un résultat d'une haute importance. c'est un travail intellectuel de premier ordre.
    - N'est-ce pas ? répondit M. Colerette, qui ne savait pas du tout de quoi on lui parlait.
    Ygrec intervint avec à propos :
    - J'ai révélé au lieutenant la conclusion à laquelle vous êtes arrivé, mon cher oncle, et dont vous n'avez même pas eu besoin de me faire part : je l'ai lue dans vos yeux.
    - Parfaitement, ponctua M. Colerette. Cette conclusionconcerne... Heu...
    - L'identité du principal complice de M. Douze, dit Jean-Jacques.
    - En effet... Et ce principal complice n'est autre... Heu... Heu...
    - Que le capitaine Gourgourax, continua le lieutenant. Vous l'avez démontré lumineusement.
    - Voilà comme je suis ! dit notre détective, avec modestie.
    - Mais alors, insista Morovitch, permettez-moi une question... Ce capitaine, que vous avez brillamment démasqué, ne comptez-vous pas l'arrêter ?
    - J'y vais de ce pas, déclara M. Colerette.
    La porte s'ouvrit avec violence. Un matelot apparut, hors d'haleine :
    - Lieutenant ! souffla-t-il. Un affreux malheur... Le capitaine... Le capitaine...
    - Eh bien ! achevez ! crièrent en coeur Morovitch, Colerette, Laitance et Jean-Jacques. Que lui est-il arrivé, au capitaine ?
    - Il est mort.
    - Pas possible !
    - Mort empoisonné !


    A SUIVRE


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