• neige

     

    Avant, j'aimais la neige.
    Parce que, enfant, je jouais dedans avec mon frère jumeau. On faisait des remparts de neige, on se mettait chacun derrière, face à face, et on faisait des batailles de neige.
    Il y avait une grande forêt à droite de la maison, et elle continuait derrière. Maman nous disait que des chasseurs traquaient des cerfs, c'est pour ça qu'on entendait des coups de feu des fois, qu'il fallait pas qu'on aille voir, que la forêt était méchante. Mais la forêt nous attirait, c'était interdit, on voyait des lumières trembloter des fois. Alors on se planquait sous la couette et puis on se racontait des histoires, dans lesquelles on découvrait un énorme puit de lumière au milieu, on descendait dedans, on arrivait au centre de la terre et on trouvait un peuple riquiqui qui nous aidait à sauver la forêt contre les chasseurs et les feux.
    Et puis, l'hiver de nos huit ans, on est allés dans la forêt. James passait devant, il avait pas peur. On a jamais trouvé le puit de lumière, le mini-peuple et le centre du monde.
    On a trouvé les chasseurs.
    On est partis en courant. La plus grande erreur qu'on ai fait de courtes vies.
    Ils ont tiré, nous poursuivant. On est sortis de la forêt, on a couru dans la neige vers la maison. La balle a atteint James dans l'épaule, il a tourné sur lui même et s'est affaissé dans la poudreuse.
    A huit ans, nous sommes morts, tirés comme des lapins, pour avoir voulu rêver en explorant une forêt.
    La dernière chose dont je me souviens, c'était cette neige. Du blanc à perte de vue, des silhouettes noires affolées, un monde flou et du sang autour de deux corps recroquevillés.
    On aurait dû écouter maman...


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