• un an de grandes vacances

    un an de grandes vacances
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    Les trois groupes s'éloignèrent joyeusement, chacun dans la direction imposée. Pergaud et moi-même longeâmes quelques instants la palmeraie qui bordait l'océan; puis, le terrain rocheux et abrupt rendant notre marche malaisée, nous obliquâmes vers la gauche, pour poursuivre notre route sur un sol plus praticable.
    Pergaud me précédait, son couteau à la main, ouvrant une piste à travers les fougères arborescentes qui atteignaient notre taille. Nous marchions sous une voûte d'arbres à pain et de spondias pourpres qui rafraîchissaient délicieusement l'atmosphère. Des phaétons aux plumes blanches, de jolies tourterelles, des perruches vertes, dérangées par notre visite, sillonnaient l'air dans un vol féerique. C'était un véritable enchantement de parfums et de couleurs.
    Nous marchions ainsi depuis une grosse demi-heure, lorsque Pergaud s'arrêta pour boire à sa gourde.
    - Cette eau est tiède, fit-il, en recrachant le liquide avec dégoût. Ah, si nous avions sous la main une noix de coco bien fraîche, pour nous régaler de son lait.
    J'examinai les environs. Un peu plus loin, un magnifique cocotier balançait ses palmes gracieuses au vent léger. Je déposai ma carabine contre le tronc et me hissai à force de bras le long de l'écorce rugueuse. J'étais heureux de montrer à mon camarade, détenteur au collège de tous les prix, sauf du prix de gymnastique, que cette dernière branche n'était pas dans la vie sans utilité.
    Je m'étais installé à califourchon près de la tête de l'arbre et j'avais déjà dégainé mon couteau, lorsque j'entendis monter jusqu'à moi un cri étouffé. Là-bas, à mes pieds, je vis les fougères s'agiter, puis s'écraser brusquement. cinq hommes bruns, presque nus, le corps et le visage zébrés de lignes blanches, avaient renversé sur le sol le pauvre Amédée et le ficelaient au moyen de lianes.
    - Ne bouge pas, Jean ! Ils ne t'ont pas aperçu. Tu préviendras les copains. Je compte sur vous pour me tirer de leurs pattes...
    Déjà les sauvages disparaissaient sous le couvert, emmenant leur prisonnier. Malgré mou émoi, je ne pus m'empêcher d'admirer l'étonnant sang-froid de Pergaud.
    De mon poste d'observation, je suivis des yeux, aussi loin que je le pus, la trace des agresseurs. Dès que je les eus perdus de vue, je me laissai dégringoler de l'arbre, ramassai mon fusil et courus à toutes jambes vers le camp, empruntant le sentier par lequel nous étions venus.


    A SUIVRE


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